La recherche en crise de reproductibilité ?
"La plupart des recherches scientifiques sont fausses. Telle est la conclusion provocatrice d’un article célèbre de PLOS initialement publié en 2005 : « Nos simulations montrent que dans la plupart des cadres expérimentaux il est moins probable qu’une conclusion scientifique soit vraie que fausse. » (Ioannidis 2005).
Depuis, ce constat préoccupant aurait été largement confirmé. Une enquête menée sur 1576 chercheurs par Nature en 2016 souligne que plus de 70% d’entre eux échouent à reproduire des expériences préexistantes et qu’ils admettent à plus de 90% qu’il existe une véritable « crise de la reproductibilité » (reproducibility crisis) (Baker 2016). Ce diagnostic est progressivement partagé par des disciplines scientifiques très variées telles que la médecine, la biologie, les sciences informatiques, les sciences sociales ou même tout récemment les études littéraires et l’histoire culturelle1.
Cette note de synthèse documente un débat majeur de la recherche scientifique contemporaine. Au-delà de la description parfois simpliste d’une « crise générale », l’exigence nouvelle de reproductibilité amène à repenser radicalement les formes et les pratiques de publication."
Pierre Carl Langlais et EPRIST, Analyse I/IST n°30, Avril 2020, 10 p.